La société

Aujourd’hui, tout repose sur l’éphémère. L’amour, désormais le seul qui sert de ciment et de justification à l’union conjugale, a toutes les chances de se défaire dès lors que la relation amoureuse ne tient plus ses promesses de bonheur et surtout, d’accomplissement individuel. Comme le résume si bien De Singly (1996), la relation conjugale ne repose désormais plus que sur « de l’amour, rien que de l’amour, mais pour le temps que dure l’amour ». De ce fait, à quoi bon institutionnaliser une relation si celle-ci n’est pas destinée à durer ?

Pour vivre ensemble, chacun doit accepter de ne plus décider seul les règles de vie, il a cette obligation de tenir compte de l’autre tout en continuant à tenir compte de lui-même. Mais lorsque l’homme est en couple, il est privé d’une certaine forme de liberté, il faut ainsi pouvoir trouver un équilibre qui est toutefois délicat à maintenir, car il faut faire attention à l’autre, au couple, mais aussi à son épanouissement personnel. Encore faut-il que la conception de l’un et de l’autre de la vie commune soit considérée de la même façon dans le couple.

la société actuelle ne fait que renforcer davantage cet individualisme et ce désir de penser à soi avant de penser à l’autre, avec l’arrivée du téléphone, la télévision ou la musique, tout cela empêche de passer certains moments ensemble car l’être humain fait entrer un tiers. Le couple n’est alors plus composé de deux personnes et ne forme plus de « nous » puisque le principal but est de se satisfaire soi-même. Ce mode de fonctionnement nous entraîne à n’accepter aucune frustration ou refus de la part de l’autre. De ce fait, la patience est nécessaire et essentielle dans le couple, mais cela devient problématique face à cette société qui prône l’immédiateté. Dans la majorité des cas, la faute est constamment rejetée sur l’autre, sans remise en question de soi même. Un certain égoïsme apparaît alors, et empêche la communication et la compréhension dont le couple a besoin pour s’épanouir.
Cette manière de vivre le couple est indéniablement le reflet de tout cet individualisme, véhiculé par les informations, les magazines et productions cinématographiques. De plus, avec la démocratisation d’internet, et surtout avec la montée en puissance de ses affidés que sont Facebook et Twitter, ce nouveau siècle se révèle à lui-même, où une vaste entreprise d’auto-glorification narcissique demeure. Et c’est sur ce point que la psychanalyse a son mot à dire face à cet individu en mal de repères, ballotté dans un siècle sidérant de complexités, lui même dépassé par cette sarabande folle qui tend à faire passer le superflu pour l’essentiel, à confondre la belle idée de progrès avec celle de l’immédiateté, à contraindre l’homme de se comporter uniquement comme un consommateur avide de se procurer la dernière imbécillité en vogue sans jamais s’interroger sur sa réelle nécessité. Aujourd’hui tout repose sur l’immédiateté, sur le condensé. On réduit une actualité à une vidéo de 6 secondes, à un snapchat, ou à un titre qui ne doit pas dépasser 140 caractères. Tout cela contribue à rendre l’homme de plus en plus impatient, le poussant parfois à se comporter lui même comme un animal. Il faut sortir de cet étalage de vanité et arrêter de se conformer à cette forme acceptée de la folie numérique. Car désormais, l’homme se traîne, il est perpétuellement insatisfait, amer, recroquevillé sur lui même, apeuré, triste et surtout malheureux de ne pas posséder des biens qui une fois qu’il les a acquis, le rendent encore plus solitaire, encore plus divorcé de lui même, encore plus avachi dans les fosses communes d’une fausse modernité incapable d’enluminer sa misérable vie. Tout cela, tout ce façonnement que la société créé chez l’homme a un impact direct sur le couple. Par cette envie chez l’homme de se satisfaire de choses superflues, cela l’engloutit dans un mode de pensée restreint qui empêche d’aimer, de partager et se laisser aller. On est plongé dans cette société, où la quête d’indépendance, d’autonomie et d’épanouissement personnel est tellement ancrée, qu’on en oublie l’autre. C’est cet individualisme social projeté sur le couple qui est la cause de son déclin, provoquant ainsi l’apparition de multiples symptômes que ce soit chez le couple lui même, ou/et surtout chez l’enfant.

Cette autonomie et individualisme grandissant au sein des relations conjugales a surtout bénéficié aux femmes. Car elles ne sont plus confinées à l’univers domestique, mais sont désormais aspirées à prendre part à la production du monde, à s’engager professionnellement, socialement et politiquement. Ainsi, elles refusent désormais de se laisser enfermer dans cet univers domestique ; mais aussi à nouer des relations égalitaires avec les hommes que ce soit sur le plan affectif, sexuel, économique, juridique. Égalité voulue aussi bien dans l’espace privé que public donc.
En un mot, la relation conjugale n’est acceptée qu’à condition qu’elle soit épanouissante pour elle.
De ce fait, chacun ne se préoccupe désormais que de sa construction identitaire sur le plan à la fois scolaire et professionnel, avant d’entamer une relation conjugale.

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